Sombre soirée

Il marchait dans les longs couloirs d'Anguil, sa cape noire tourbillonnant derrière lui. Il faisait sombre. Normal, il faisait nuit. Quelques gardes l'aperçurent, mais Lessguild leur fit clairement comprendre qu'ils avaient tout intérêt à s'occuper de leurs affaires plutôt que d'importuner l'un des proches du seigneur Less'Kïlerr, et surtout lorsque ce proche était son messager personnel, qui rapportait une dépêche "importante" en provenance du Troisième Royaume. Lessguild regardait vaguement droit devant lui, sans vraiment faire attention à ce qu'il faisait. Il faillit renverser un cuisinier poussant un chariot chargé de victuailles. Son Altesse avait du finir son repas. Le messager de l'empereur songeait au contenu de cette lettre. Encore un refus, très certainement. Less'Kïlerr ne serait pas ravi. Il en exploserait de rage à tous les coups, comme à chaque fois. Mais cela n'inquiétait pas Lessguild qui savait très bien se faire discret lorsqu'il le fallait. Il avait déjà écopé d'une des colères de son maître, il avait juré qu'il ne se ferait plus jamais avoir. L'épée du roi lui avait laissé un souvenir impérissable dans son dos. La plaie ne s'était refermée que deux mois plus tard. Et entre temps il avait du continuer d'assurer le service de poste entre les deux royaumes, quant il ne devait pas apporter des annonces à l'un des autres Empereurs...

Alors qu'il arrivait au bout d'un immense couloir, un garde armé d'une hallebarde lui barra la route. La lourde porte de pierre qu'il protégeait conduisait tout droit aux appartements privés de l'Empereur. Lessguild soupira et s'adressa à l'un des deux hommes d'armes :

"Allons Korvys, range ton balai et laisse-moi passer, sa Majesté Impériale m'attend. Une affaire urgente à traiter. Depuis le temps que je viens ici livrer son... courrier au maître..."

Il regarda la lettre de papier rose, cachetée d'un sceau richement orné, qui dégageait un parfum abominable avec une expression de dégoût sur le visage :

"... si on peut appeler ça du courrier... Enfin, écartez-toi, je n'ai pas de temps à consacrer aux imbéciles, en voir me suffit amplement, compris ?"

Lessguild fit un pas en avant et fit un geste pour écarter l'une des hallebardes, mais le soldat ne la retira pas :

"Ta tête irait très bien au dessus de la cheminée de salle de garde, Lessguild."

Gordon lui ricana au nez :

"En effet, qu'on mette la tienne révèlerait un certain manque de goût. Allons, Korvys, as-tu oublié qui j'étais ? Je suis l'un des conseillers de Less'Kilerr. Cesse tes âneries et retire ça de mon passage, je n'ai pas envie de devoir vomir à chaque fois que j'entrerai dans la salle de garde."

Le soldat ne dit mot, il serrait les dents, prêt à exploser. Toutefois, il écarta son arme. Gordon avait utilisé l'argument qui faisait mouche. Il n'y avait pas un être censé sur Guilduiss qui ne craignait pas la colère du Seigneur des Empereurs Noirs. Même Gordon évitait de faire l'esprit face à lui. La dernière fois qu'il avait essayé... La cicatrice qu'il avait dans le dos le démangeait rien que d'y penser, mais son armure l'empêchait de se gratter. Saleté de protocole. Obligé de porter l'uniforme dans l'enceinte d'Anguil. Il avait toujours eu horreur de ça, mais Less'Kïlerr ne tolérait pas que l'on manque au protocole. La porte s'ouvrit, Lessguild fit disparaître de son visage son sourire consterné avant d'entrer :

"Bien Korvys, très bien. Tu apprends vite... Tu vois quand tu veux ?"

Le messager de Less'Kïlerr entra, la lourde porte de pierre noire se referma derrière lui. Gordon traversa encore quelques couloirs parcourus de serviteurs en tous genre. Les lieux n'étaient guère accueillants. Tout était sombre, les quelques torches qui éclairaient les lieux produisaient d'étranges reflets sur les épais murs de marbre noir. Il régnait un froid permanent dans ces bâtiments, excepté dans les appartements privés de l'Empereur, à savoir sa chambre, son bureau, le grand salon et la bibliothèque. Un soldat aperçut Lessguild et lui indiqua que l'Empereur l'attendait dans son bureau. Gordon soupira et se dirigea vers le bureau. Avant de frapper à la porte, il vérifia que son épée soit accrochée à son flanc gauche, comme le voulait le protocole, un comble pour les gauchers comme lui. Il frappa puis entra, l'Empereur l'attendait, faisant face à un gigantesque brasier qui chauffait l'atmosphère au point que cela en devenait désagréable... Gordon s'inclina brièvement. Il n'aimait pas vraiment faire des courbettes, et encore moins à un Empereur Noir. S'éclaircissant rapidement la gorge, il dit, la voix neutre :

"Monseigneur..."

Et il déposa la lettre sur le vaste bureau de bois d'ébène.

Administrateur Nombre de messages : 7 Age : 29 Date d'inscription : 18/05/2008

Cela faisait plus d’une semaine qu’il attendait cette réponse. Et cette fois-ci il était quasiment certain qu’elle ne refuserait pas. Elle ne le pouvait pas, c’était hors de question. Et pourtant il avait déjà dit ça, pensé ça au moins un millions de fois sans que la réponse ce fusse celle attendu. Less’Kilerr, le Chef des Empereurs Noirs, l’homme le plus puissant de ce monde, et bien d’autres il en était certain, était plus qu’impatient. Que faisait donc ce messager bon à rien ? Il savait pourtant que son maître n’aimait pas attendre.

L’Empereur habituellement d’un calme terrifiant faisait les cent pas dans son bureau. Enervé il jeta un regard de colère sur le feu qui doubla aussitôt d’intensité. Que faisait
donc cet idiot ?! Ce n’était pas si compliqué de ramener le plus vite possible un message !
D’un surplus de rage il renversa l’une des immenses bibliothèques de son bureau.
Un serviteur arriva quelques secondes plus tard. Ce dernier évita tout regard avec le seigneur des lieux qui était déjà retournait devant son feu. Quand le maître était dans un tel état il valait mieux disparaître. Après avoir remit l’étagère en place le serviteur s’approcha, et s’inclina. Il avait perdu aux dés, maintenant il devait faire face. Less’Kilerr tournait toujours le dos à cet « individu » et ne pris même pas la peine d’adresser la parole.

- Mo…mon seigneur, le… le messager arrive.

Puis toujours incliné, le nez touchant presque le sol, il repartit le plus rapidement possible. L’Empereur retrouva son calme. Du moins en apparence, au fond il brûlait toujours de rage et de colère. Il valait mieux pour Lessguild que se soit une bonne nouvelle. Il augmenta encore un peu la chaleur dans la pièce. Le messager l’avait fait attendre, s’il faisait la moindre allusion à la chaleur il le regretterait. Une autre cicatrice, peut-être sur le visage cette fois-ci, pour qu’il puisse s’en servir d’exemple et accentuer la peur de ses gens. En pensa a cela, l’Empereur Noir mit toucha le pommeau de son épée. Une belle arme, qui n’était pas censé faire couler le sang des Lyriens. Pourtant à présent elle en semblait assoiffée.

Quelqu’un toqua. Enfin il était là. Enfin Less’Kilerr aurait sa réponse. Les portes s’ouvrirent, puis des pas derrière lui et enfin :

"Monseigneur..."

L’Empereur entendit le messager déposer la lettre sur son bureau, mais ne se retourna pas pour autant. Il ne fit que répondre, par un murmure glacial :

- Ouvre-la et lis moi cette réponse…

Et encore plus bas il ajouta :

- Et espère que c’est une bonne nouvelle.

Ouvre-la et lis-moi cette réponse…

Less'Kilerr marmonna ensuite autre chose, que Gordon ne put entendre clairement, mais il comprit que cela n'avait rien de bien encourageant pour lui. N'importe quel serviteur se serait mis à trembler sur ses bases face à l'humeur massacrante de l'Empereur, mais Lessguild ne broncha pas. Les lettres de l'Impératrice étaient toujours empreintes d'un sens de l'humour bien à elle. Gordon reprit la lettre et l'ouvrit tout en la tenant loin de son appendice nasal. Cela faisait bien trop longtemps qu'il était obligé de renifler ce parfum... Gordon sortit le papier et le lut rapidement avant d'esquisser un léger sourire. L'Empereur avait le dos tourné, ce n'était pas bien grave. De toute façon il ne pourrait pas lui faire pire que ce qu'il allait lui faire après une telle réponse. Il s'éclaircit à nouveau la gorge et commença à lire, tranquillement, le ton léger :

-Monseigneur Less'Kilerr,

Malgré tout le coeur que vous y avez mis et surtout le courage de celui qui l'a écrit, je vous annonce que votre dernière lettre n'a strictement aucun effet, et que la vieille sorcière à qui vous avez acheté ce philtre s'est moquée de vous.

Si vous voulez vraiment me faire un cadeau qui me fasse plaisir, envoyez-moi une troupe de soldat bien bâtis pour essayer ma nouvelle invention.

Mes salutations sincères et distinguées, ainsi que celles de mon amant.

Réprimant un de ses fameux éclats de rire, il s'apprêtait à recevoir les foudres de l'Empereur qui fulminait visiblement. Gordon balaya la pièce rapidement du regard, histoire de trouver une parade. Il lui fallait une idée géniale pour s'en tirer une nouvelle fois. Mais à force, l'imagination commençait à lui manquer. Reposant la lettre sur le bureau, il attendit, calmement. Less'Kilerr n'était qu'un imbécile, cela n'était plus à prouver, mais il était la clé de la survie dans ce monde hostile

Administrateur Nombre de messages : 7 Age : 29 Date d'inscription : 18/05/2008

Less’Kilerr se détendit quelque peu et entendant le messager prendre la lettre et l’ouvrir. Bien sur cela fut imperceptible. Enfin de compte l’empereur aimait bien son messager. Du moins autant qu’un Empereur noir le pouvait. Et puis, cela se remarquait, sinon l’homme serait déjà mort rien que pour être arrivé en retard. En pensant à cela le seigneur des lieux se rappela qu’il lui faudrait bientôt envoyer un homme dans l’autre monde. Celui dont très peu de gens se rappelaient et dont seuls les Empereurs Noirs avaient la capacité de voyager. C’est en tout cas ce que croyait l’homme le plus puissant de Guilduiss.

Cet autre monde, celui où se trouvait la deuxième partie de la dernière puissance. Cet homme qui avait tout fait échouer. Même si le vieux Norwinn était certain qu’il s’agissait d’une femme Less’Kilerr n’y croyait pas. Une femme ne pouvait dépasser sa puissance. De toute façon les protecteurs du Yoglyf n’avaient jamais eu le droit de voir le « corps », tout comme les gardiens du sang ne savaient pas sous qu’elle forme se trouvait l’ « esprit ». Rien que de penser aux pouvoirs qu’il aurait en détenant les deux parties, Less’Kilerr sourit. Un sourire qui passa bien sûr inaperçu, bien que l’Empereur sentit son messager sourire lui
aussi. C’est la qu’était toute la force du Seigneur des Noirs. Il pouvait ressentir chaque mouvement autour de lui. De la brindille d’herbe qui pousse dans un champ, au plus infime muscle qui se tend. Un pouvoir qui lui avait fallu beaucoup de temps à maitriser. Bien sûr très peu de personnes étaient au courant de cela. Seulement deux ou trois Empereurs Noirs et … Maïka Norwinn ! La colère monta à nouveau. Et le messager se mit à lire.

- Monseigneur Less'Kilerr,

Malgré tout le cœur que vous y avez mis et surtout le courage de celui qui l'a écrit, je vous annonce que votre dernière lettre n'a strictement aucun effet, et que la vieille sorcière à qui vous avez acheté ce philtre s'est moquée de vous.

Si vous voulez vraiment me faire un cadeau qui me fasse plaisir, envoyez-moi une troupe de soldat bien bâtis pour essayer ma nouvelle invention.

Mes salutations sincères et distinguées, ainsi que celles de mon amant.

La colère à la pensée de Norwinn plus celle de la lettre déclencha un orage monstrueux dans l’esprit de Less’Kilerr. Elle se moquait de lui. Mais elle n’était pas la seule. Il se retourna doucement le regard totalement noir. Des yeux de démons. D’un calme infernal il demanda à ce qu’un serviteur vienne. Celui-ci arriva quelques secondes plus tard. Le même que celui qui était venu quelques minutes auparavant. Décidément ce n’était pas son jour de chance. Il s’inclina plus bas que la première fois et vis que l’Empereur voulait qu’il se rapproche. Ca s’annonçait mal. Le serviteur se rapprocha donc de son maître et se mit à genoux aux pieds de Less’Kilerr, un peu trop près. Ce dernier ne se gêna donc pas pour le faire reculer a grands coups de pieds.

- Mon… mon mon… monseigneur ?

Sans accorder un seul regard a cet « homme », cette larve qui trainait a ses pieds, le Seigneur annonça :

- Je veux que la sorcière qui m’a vendu le philtre d’amour meurt, dans les pires souffrances que l’imagination puisse accorder a ce cher Lessguild…

Il posa son regard sur le messager avec un sourire sadique sur les lèvres. Puis il tendit la main vers lui et lui demanda la lettre.

- Lessguild, vous choisirez aussi une des meilleures troupes de soldats d’Anguil. Pas la meilleure bien sûr, sinon je serais tenter de vous y envoyer aussi !

Le sourire de l’homme s’élargit encore, c’était le seul « compliment » qu’aller recevoir le messager aujourd’hui. Après tout c’est lui qui avait ramené le message, donc il fallait le punir. Less’Kilerr caressa le pommeau de son épée avant de s’apercevoir que la larve qui le servait été encore là. Il savait bien sûr que celle-ci ne faisait qu’exécuter ses ordres, personne ne bouge avant que l’Empereur l’est décidé, mais il devait exprimer sa colère. Il prit donc une braise dans le foyer et la lança sur les mains de l’esclave, qui se releva d’un bond en hurlant.

- SILENCE ! Qui t’a ordonné de te relever ?!

L’homme se rebaissa aussitôt mais l’Empereur lui donna un coup dans le ventre qui l’envoya contre une des bibliothèques.

- DEHORS !

Puis il se retourna vers Lessguild.

- Bien a nous maintenant…

Il se replaça devant lui et le gifla.

- Qui est-il ?

Lessguild regarda son maître brutaliser le serviteur avec l'indifférence la plus totale. Mieux valait ce type que lui.

-Je veux que la sorcière qui m’a vendu le philtre d’amour meurt, dans les pires souffrances que l’imagination puisse accorder a ce cher Lessguild… Lessguild, vous choisirez aussi une des meilleures troupes de soldats d’Anguil. Pas la meilleure bien sûr, sinon je serais tenter de vous y envoyer aussi !

Gordon haussa un sourcil. Depuis quand l'Empereur lui faisait-il des compliments ? Devenait-il sénile avec l'âge ? Qui sait. Il ne put s'empêcher de sourire intérieurement, mais peut-être que cela fut visible de l'extérieur puisqu'il reçut quelques secondes après une gifle. Gordon ne broncha pas, ne prenant même pas la peine de se masser la mâchoire. Refoulant sa haine au plus profond de lui, il réfléchit. S'il donnait le nom du coupable, ses chances de quitter le bureau en un seul morceau s'amenuisaient, bien que l'Empereur ne lui ferait rien de bien dramatique. Il avait encore besoin de lui et venait de lui confier une mission importante, à en juger par les moyens qu'il souhaitait employer... De plus, parler reviendrait à s'attirer les foudres de deux autres Empereurs... Mais cela pourrait également semer la zizanie parmi les Empereurs... Prenant son air le plus convaincant, Lessguild hôcha négativement la tête, l'air grave :

-Aucune idée, monseigneur. Je ne suis pas au courant des relations de Jûlnia'Yrii. Vous savez qu'elle ne laisse rien transparaître de ses actes, et que ceux qui détiennent une bribe d'information finissent dans ses salles de torture. Je ne serais pas ici si j'avais la connaissance du coupable.

Voilà, il venait de faire un magnifique coup de poker. Restait à savoir si l'Empereur était aussi peu habile que ne le pensait... Au pire il s'en tirerait avec quelques bleus et peut-être le nez cassé... Au mieux, il repartirait surement à coup de pieds dans le derrière... Avec Less'Kilerr, on ne pouvait jamais être sur de rien.

Administrateur Nombre de messages : 7 Age : 29 Date d'inscription : 18/05/2008

Less'Kilerr se releva de toute sa hauteur. Lessguild était un peu plus courageux qu'il ne l'avait imaginer. Il avait ressentit les muscles de cet se raidir un peu. Même avec le plus grand des sang-froid on ne pouvait éviter a son corps de réagir, on pouvait seulement masquer ses réaction aux yeux des hommes. Oser lui mentir a lui ? Le plus grand des Empereurs de ce monde, et surtout le plus cruel ? Décidément il avait très mal juger ce messager. L'ombre d'un sourire réapparut sur le visage de Less'Kilerr. C'était ce genre d'homme qui lui fallait pour son expédition.

L'Empereur reprit une voix calme mais glaciale :

- Lessguild, vous croyez au-dessus de tout ? Vous croyez-vous immortel ?

Il tira la lame du fourreau de son message, son visage devint dur et ses yeux brûlait de rage.

- L'IMPERATRICE Jûlnia'Yrii ! Ne vous avisez plus jamais de manquer de respect a un seul de mes frères... et encore moins a ma sœur !

Sa sœur... quelle idiotie ! Il ne la considérer pas plus comme sa sœur que les Empereurs comme hommes du même sang. La seule chose qui les réunissait était la trahison, la cruauté, et l'avidité. Ils faisaient régner la terreur sur Guilduiss, et leur puissance n'avait aucun équivalent. Les fous qui pensaient que leurs chères Puissances finiraient par réapparaitre et par ramener la paix sur Guilduiss n'avaient qu'a mourir de désespoir. Leurs héros étaient mort, et leurs pouvoirs allaient être dans ses mains. Alors il pourrait avoir le plus grand empire, et il serait le seul chef. Mais pour l'instant... Oui, pour l'instant il devait s'occuper de l'instant présent, et régler ce petit problème de mensonge.

L'homme noir leva l'arme de son messager et l'abattit a une vitesse hallucinante au-dessus de sa tête. Il ne retint la lame qu'a un cheveux au-dessus de son crâne. Le tuer ne servait a rien, il voulait seulement lui faire un peu peur, bien qu'il soit persuader que l'homme n'avait pas ressentit la même peur que celle de son esclave quelques minutes plus tôt.
Il fallait pourtant bien le punir pour cela. Il approcha donc la lame du feu et la laissa tomber dans les braises.

- Dites moi mon cher Lessguild, si ne voulez pas me dire le nom de l'amant de ma bien-aimée Yrii car vous avez peur de cette femme si douce, je vous laisse vous taire. Mais en échange vous allez faire quelque chose pour moi... Vous allez visiter un monde, ou bien que des tyrans tels que moi n'existent pas, l'avidité des hommes les gouverne mieux que personne. Et vous allez leur donner... votre sang !

Cette idée hantait l'Empereur depuis quelques temps déjà. Il savait qui était Lessguild, et se doutait que celui-ci n'en sache rien. Il s'était toujours arranger pour que le "chevalier" soit a ses côtés. Qu'il ne change pas de camp. Il avait même du user de son pouvoir, et perdre un peu de sa dignité auprès des autres Empereurs pour que ce petit messager ait la vie sauve. Les hommes qui restaient auprès des Empereurs ne vivaient pas très longtemps, les tyrans voulant renouveler les têtes, et surtout étant trop impulsifs. Lessguild pouvait se féliciter d'être le plus vieux au service de Less'Kilerr, et même au service de tous les Empereurs. Quand ses frères lui avaient donc demander pourquoi, Less'Kilerr avait du mentir en parlant de petite faiblesse sentimentale, qu'il avait toujours connu ce garçon et qu'il était le meilleur de ses hommes. Ses frères se moquaient aujourd'hui encore de cette faiblesse, mais l'Empereur était persuader qu'ils arrêteraient de rire quand ils sauront, juste avant de mourir. Il avait en plus de ça, bien préciser que le premier qui oserait y toucher se verrait relever de ses fonctions, et irait dire bonjour au diable !
L'une des Puissances était a son service, et surtout, celle qu'il considérait comme la plus utile. Celle qu'aucun pouvoir ne pouvait toucher. Une arme absolue ! A condition de savoir sans servir.

Il reprit l'épée des flammes sans aucunes brûlures et se retourna vers ce messager si important. Et d'un geste rapide appliqua la lame brûlante sur la joue de ce dernier.

- Un petit souvenir pour que tu te rappelles bien qui est ton maître !

Il ajouta dans un murmure plus pour lui que pour le messager.

- Et je suis aussi le seul a pouvoir te toucher...

- Lessguild, vous croyez au-dessus de tout ? Vous croyez-vous immortel ?

La voix était glaciale. Bien trop calme au goût de Gordon qui s'attendait à quelques réprimandes sévères pour son manque flagrant de politesse. Après tout l'Empereur était aussi brutal qu'écervelé, ce n'était pas un scoop. Toutefois, lorsqu'il sentit l'Empereur retirer sa propre épée de son propre fourreau, il ne put s'empêcher de déglutir un bref instant. Il ne tenait pas à être mutilé. Il savait donc qu'il savait... Du moins tout le laissait penser. Mais l'idée de faire mariner l'Empereur des Empereurs lui procurait un certain plaisir, plaisir qu'il allait regretter sous peu, il s'en doutait. Mais lorsque l'on servait un Empereur Noir, il valait mieux profiter de chaque moment, la mort était toujours embusquée quelque part, prête à surgir et à emporter sa victime. Il savait qu'il avait dépassé de loin l'espérance de vie d'un serviteur de Less'Kilerr, et il en ressentait un minimum de fierté, bien qu'en réalité, il n'y en avait aucune à tirer. C'était peut-être pour cela que bon nombre des soldats et des hommes de main des Empereurs le méprisaient, mais il s'en fichait. Il savait qu'il valait mieux qu'eux réunis. Si ce n'était pas le cas, le tyran ne l'aurait jamais gardé à son service aussi longtemps et aurait eu tôt fait de le remplacer par un autre larbin.

- L'IMPERATRICE Jûlnia'Yrii ! Ne vous avisez plus jamais de manquer de respect a un seul de mes frères... et encore moins a ma sœur !

Il ne vit pas le coup partir, mais seulement un éclat argenté se rapprocher dangereusement de sa tête. Toutefois, l'arme ne l'atteint pas. Furieux, mais cachant au mieux sa colère, Gordon répondit à son maître :

- Très bien, je ne connais donc rien sur les relations de l'impératrice Jûlnia'Yrii...

La lame du messager tomba dans les braises et les cendres encore incandescentes qui occupaient la cheminée et commença à rougir peu à peu. Il voyait venir l'Empereur... Trop bien même, et il redoutait cette correction...

- Dites moi mon cher Lessguild, si ne voulez pas me dire le nom de l'amant de ma bien-aimée Yrii car vous avez peur de cette femme si douce, je vous laisse vous taire. Mais en échange vous allez faire quelque chose pour moi... Vous allez visiter un monde, ou bien que des tyrans tels que moi n'existent pas, l'avidité des hommes les gouverne mieux que personne. Et vous allez leur donner... votre sang !

Il ne comprit pas ce qu'il voulait lui dire. Voulait-il qu'il meure dans ce monde ? Un monde dénué d'Empereurs Noirs et de tyrans comparables ne pouvait pas être désagréable après tout. Mieux valait disparaître là-bas qu'ici. Mais il ne voyait toujours pas où Less'Kilerr voulait en venir. Il se contenta de rester tant bien que mal impassible, dissimulant sa rage au mieux ainsi que son envie de saisir son épée et de la planter dans le faciès de l'empereur. Il sentit alors un contact froid sur sa joue... Une froideur qui se changea rapidement en une démangeaison désagréable, puis en une violente brûlure... Le salaud. Il avait osé... Il le lui ferait payer un jour... Au centuple.

- Un petit souvenir pour que tu te rappelles bien qui est ton maître !

Il n'avait qu'un seul maître, et ce n'était certainement pas Less'Kilerr. Il avait son libre arbitre et ne servait l'Empereur que parce que c'était sa meilleure chance de survie dans ce monde. Mieux valait être aux côtés des puissants. Seule sa vie l'importait, celle des autres, il s'en fichait royalement, ou presque. Less'Kilerr n'était qu'un simple employeur qui avait des méthodes de discipline plus redoutables que les autres, mais il n'était en aucun cas son maître. Gordon accomplissait chacune de ses missions avec zèle, mais uniquement parce qu'il avait le souci du travail bien fait, et que travailler ainsi lui attirait plus de considération, et donc une certaine protection. Il ne prit pas garde au murmure de l'Empereur et se contenta de répondre, ironisant et sans broncher, et ce bien que sa joue lui fasse horriblement mal :

- Monseigneur, c'est trop, il ne fallait pas... Puis-je savoir quel est ce monde, Sire ?

Administrateur Nombre de messages : 7 Age : 29 Date d'inscription : 18/05/2008

Less'Kilerr fut a nouveau surpris par son messager. Etait-il si stupide pour oser se moquait de lui ou tellement courageux pour défier son autorité ? Dans les deux cas c'était les actes d'un fou. L'Empereur réprima une envie de le tuer sur place. Il avait trop d'importance, c'était la clé de son pouvoir. Quoique pour l'instant ce n'était qu'un petit prétentieux sans pouvoir. Le seul pouvoir qu'il avait était contenue dans son sang, raison de plus pour éviter d'en avoir plein les mains.

Finalement la remarque du jeune messager le fit sourire. La brûlure allait disparaitre totalement sans aucune cicatrice, aucune trace. Mais il avait surtout fais ça pour être sûr de l'emplacement de son soldat sur Terre. Sans aucune magie, aucune trace de Lumière ou de Ténèbres, il serait très difficile de le localiser. Pas avec cette marque. Et elle réapparaitrait a son retour sur Guilduiss, pour lui rappeler que son maître l'attendait.

- C'est un monde assez plaisant, un monde où les hommes n'ont besoin d'aucune aide pour le détruire. Par contre je dois t'avouer que ton épée ne t'y servira a rien donc autant la laisser ici. Et pas besoin non plus d'une monture, ils ont créer des machines assez... étranges pour leurs déplacements.

Une question revint a son esprit. Comment le messager pourrait-il aller dans ce monde ? Il ne savait pas s'il pouvait voyager avec quelqu'un mais n'avait certainement pas envie de relever son identité a ce jeune homme. Il ne voulait pas lui dire, que les fous qui avait encore espoir dehors pensaient qu'il allait tous les sauver. Pas envie de lui expliquer que toutes les prophéties, tous les livres, et tous les conteurs qu'il avait fais disparaître ne parlait que de lui ! Le jeune homme avait déjà assez de prétention et défiait déjà son autorité pour ajouter en plus cette petite information. Il avait encore deux jours devant lui pour répondre a cette question.

- Tu apprendras bien assez tôt le nom de ce monde et ce que tu as à y faire. Maintenant il me semble que je t'ai donné deux missions, alors va tuer cette femme. Et tu peux aussi espérer un merci pour ton silence de la part de l'Impératrice mais je doute que tu reçoive une marque de reconnaissance.

L'Empereur se retourna, signe qu'il en avait fini, l'arme de son messager toujours à la main. Il fallait encore qu'il réfléchisse. Avant que le messager ne sorte il ajouta :

- Revient dans deux jours prêt a partir !

Lui devait partir avant. Il devait voir cet homme qui lui avait juré fidélité dans ce monde, celui qui préparait son arrivé, celui qui allait s'occuper de supprimer tous les Lyriens, sur Terre...